Une maman que j’ai accompagnée m’a raconté qu’à la maternité, les auxiliaires de puériculture lui avaient dit qu’avant 2, 3 mois, un bébé ne peut pas prendre de mauvaises habitudes. Qu’il faut le cajoler tant qu’il le réclame. Je suis tout à fait d’accord avec cela. Un bébé qui vient au monde a, dans ses premiers mois de vie, un immense besoin de proximité affective. Tout juste sorti de la chaleur réconfortante de l’utérus, il a besoin d’être caressé, porté, bercé, de sentir l’odeur de sa mère, et bien souvent de téter pour s’endormir. Il n’est pas question de l’en priver, mais il faut au contraire répondre à son besoin.
Mais cette maman a ajouté qu’après les 3 mois de son bébé, elle n’avait pas su comment faire la transition.
Sa fille lui semblait encore bien petite, et elle réclamait toujours autant d’être bercée. À un an, elle continuait ainsi de s’endormir dans les bras de ses parents. Et se réveillait presque systématiquement quand ces derniers la posaient dans son lit.
Par ailleurs, la petite fille allait très bien, elle n’avait aucun problème de santé. Elle était parfaitement éveillée et paraissait très à l’aise dans le démarrage de sa petite vie sociale. La toute petite chose qui a manqué à cette famille, c’est,selon moi l’introduction de bonnes habitudes d’endormissement et de sommeil…
Ces habitudes peuvent être données dès la naissance sans pour autant remettre en question les câlins et le portage du nouveau-né. Quand le bébé – mais aussi ses parents ! – acquiert ces bonnes habitudes, il est beaucoup plus facile pour chacun de gérer les nuits du nourrisson qui grandit. Si vous les adoptez dès la naissance, la transition se fera plus naturellement et plus facilement. Il sera rassuré par les repères que vous aurez mis en place depuis toujours.
Voici donc quelques astuces pour mettre en place, dès la naissance, de bonnes habitudes de sommeil.
Avant toute chose : pourquoi il ne faut pas chercher à suivre un plan de sommeil, surtout avant 6 mois
Avant 6 mois, les nouveaux nés n’ont pas la capacité à s’auto-apaiser. Ils ont besoin de leurs parents pour se rassurer. On ne s’inquiète donc pas de leurs nuits anarchiques et on profite de cette période de grande proximité (en se faisant aider si besoin pour pouvoir se reposer soi-même) ! Pensez aussi que votre bébé a eu l’habitude d’être bercé dans un ventre, et que les bercements de vos bras ne sont qu’un prolongement de sa période in utero. Ce n’est pas vous qui lui donnez des habitudes : c’est la nature qui est faite ainsi. Il n’y a donc aucune raison de culpabiliser.
J’en viens donc à mes fameuses bonnes habitudes…
1/ Comprendre le sommeil du nouveau-né : attention au sommeil agité !
Voici une explication essentielle pour comprendre le sommeil du nouveau-né. Celui-ci peut être vu comme un train, composé d’une locomotive (la phase d’endormissement) et de deux wagons de respectivement 20 et 25 minutes. Et surprise : c’est par une phase de sommeil agité que cela démarre ! Le jeune bébé a des mouvements oculaires, des mimiques comme des grimaces ou des sourires, et il peut même pleurer un peu. Cela peut être très déroutant pour les jeunes parents ; mais si l’enfant reste globalement calme, c’est qu’il dort bel et bien. Evitez donc de le lever de son lit et de porter bébé car vous le réveillerez!
Cette phase de sommeil agité est essentielle parce que c’est à ce moment que le bébé traite et mémorise les informations de la journée. C’est grâce à lui qu’il intègre de nouveaux apprentissages et s’adapte émotionnellement – et que vous vous dites chaque jour qu’il fait d’immenses progrès. Tout l’enjeu, c’est de se rappeler que ces légers mouvements et petits grognements sont absolument normaux, et qu’il ne pas intervenir pendant cette phase de sommeil. Car le risque au fil du temps, c’est de lui donner l’habitude d’être avec lui quand il dort. Et vous ne voulez probablement pas en arriver là…
Laissez donc votre bébé « vivre » sa phase de sommeil agité, et il pourra raccrocher son deuxième wagon : celui du sommeil calme, qui permet l’assimilation des nutriments, l’élimination des déchets, et la récupération.
Bon à savoir : si jamais votre bébé s’est endormi dans vos bras, ne le posez pas pendant son sommeil agité. Attendez plutôt 20 minutes et déposez-le quand il est en pleine phase de sommeil calme.Cela vous évitera que bébé se réveille inutilement.
2/ Lui donner des repères temporels : l’importance du rythme
Le sommeil du bébé à la naissance suit un rythme ultradien. En quelque sorte, il se réveille quand il a faim et se rendort quand il est repu. Il fait cela plusieurs fois chaque jour, et chaque cycle dure plusieurs minutes à quelques heures. C’est un rythme archaïque, qui garantit sa survie, car il n’a pas encore les ressources métaboliques nécessaires pour dormir toute une nuit sans s’alimenter. Les premiers temps, le bébé ne sécrète pas de mélatonine (la fameuse hormone du sommeil). Il dort quand il est fatigué et que ses besoins sont comblés.
À mesure qu’il grandit, le petit nourrisson adopte peu à peu un rythme circadien (du latin circa diem, qui signifie « environ un jour ») qui se met en place à partir de 4 mois. En effet, son rythme biologique va se mettre à suivre le cycle d’une rotation de la Terre sur elle-même, comme c’est le cas pour les adultes… Il sera rythmé par ses repas, le jour et la nuit… Mais à quelques différences près tout de même ! Par exemple, les chercheurs ont établi que les petits enfants ont un rythme circadien proche de 25 heures, ce qui explique pourquoi ils peuvent « se décaler » de jour en jour. Là encore, ce n’est pas votre faute, c’est la nature qui est faite ainsi, et c’est très bien.
Pour aider votre enfant à adopter un rythme circadien – idéalement le plus proche du vôtre –, donnez-lui des repères temporels ! Faites le noir total dans sa chambre lorsque c’est la nuit, sortez-le ou ouvrez grand vos volets et vos rideaux la journée… Donnez-lui dès que possible ses repas à heures régulières. Tout cela contribuera à ce qu’il intègre les cycles diurnes et nocturnes, et favorisera son sommeil. Les rituels d’endormissement sont également très utiles, car ils permettent de signifier au bébé qu’il est l’heure de dormir. Ils pourront être pratiqués pendant des années. Quand votre bébé est tout petit, l’idéal est de nourrir votre bébé, le changer, le mettre en gigoteuse et de le coucher immédiatement après un câlin et une petite berceuse ou une histoire – à vous de construire le rituel qui vous ressemble !
Ah ,et n’oubliez pas d’observer les signes de fatigue, et de respecter les périodes d’éveil adaptées à son âge, ils vous seront très utiles pour savoir quand coucher votre bébé.
3/ Pas d’interactions inutiles pendant le sommeil
Vous adorez probablement cajoler votre bébé, respirer ses petits cheveux si doux et caresser ses mains minuscules. Profitez-en et faites-le bien sûr, mais évitez de le faire systématiquement pendant son sommeil – sauf s’il le réclame. À nouveau, l’idée est de ne pas rendre le contact et votre présence inutilement indispensables à son sommeil.
Je conseille de coucher l’enfant un peu somnolent. Vous pouvez le coucher et rester à côté de lui pour le rassurer, le caresser doucement, lui chanter des berceuses… Aidez-le à s’apaiser sans qu’il ne soit forcément dans vos bras.
Si votre bébé pleure, commencez par vérifier qu’il n’y a pas quelque chose qui le gêne. Attention ! Il n’a pas forcément faim. Peut-être a-t-il un rot à évacuer, une couche sale, des coliques ou ressent-il un autre inconfort. Peut-être même a-t-il sommeil, car il est très fréquent qu’un bébé pleure quand il cherche à s’endormir.
Si c’est l’heure de le nourrir ou qu’il est en plein pic de croissance, bien sûr, n’hésitez pas une seconde. Mais sinon, à mesure qu’il grandit et si son pédiatre est d’accord, commencez à le faire patienter un peu. Ne donnez pas systématiquement la tétée à votre bébé dès qu’il grogne un peu, pour éviter qu’il ne la réclame à chaque réveil et que cela ne représente désormais une aide indispensable pour s’endormir.
4/ Évitez les stimulations en pleine nuit
Cela va de pair avec mes deux points précédents. Mais cela n’est pas forcément évident pour tous les parents. J’ai rencontré des jeunes parents qui changeaient la couche de leur nouveau-né à chaque réveil nocturne, soit toutes les 50 minutes, et qui devaient ensuite passer des heures avec leur enfant avant qu’il ne se rendorme. Si l’enfant va bien et que sa peau est saine, c’est inutile. En outre, si vous allaitez, sachez que les selles des bébés allaités ne sont pas corrosives comme celles des bébés au lait artificiel. Raison de plus pour patienter un peu…
Un changement de couche représente, pour l’enfant, une source de stimulation. Il vous voit, vous entend… Si le changement de couche est nécessaire, ou que vous devez faire quoique ce soit d’autre avec votre enfant en pleine nuit (comme préparer et lui donner son biberon par exemple), minimiser les sources de stimulation. Gardez la lumière la plus tamisée possible, parlez à voix très basse ou mieux, ne parlez pas. Ce n’est pas le moment idéal pour l’embrasser et jouer avec lui. Tout doit signifier à l’enfant que la nuit, il ne se passe rien d’intéressant, et que par conséquent, on dort ! Même s’il n’en a pas conscience tout de suite, au fil du temps, il le comprendra très bien…
En résumé, cajoler son bébé et s’installer avec lui dans une relation de grande proximité n’empêche pas la mise en place de bonnes habitudes de sommeil. Ces habitudes sont saines, elles aideront bébé à trouver son rythme et mettront toutes les chances de votre côté pour que chacun puisse bientôt vivre des nuits plus apaisées que celles des premiers jours (ou des premiers mois ou sommeil, selon chacun). Avant 5 mois, l’heure n’est pas au plan de sommeil. Si votre enfant dort peu ou mal car se réveille la nuit, à cause de multiples réveils nocturnes, je vous conseille d’alterner les nuits « de garde » avec le coparent, en demandant à vos proches de prendre parfois le relais pour que vous puissiez vous reposer.
Vous pouvez également vous faire aider par un ou une Gentle Sleep Coach* comme moi, qui accompagne les familles en douceur vers un meilleur sommeil, sans laisser pleurer votre bébé. Si vous souhaitez plus d’informations ou discuter de votre situation,
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